À l’heure où Statistique Canada publie les données démolinguistiques du recensement qui s’est tenu en mai 2021, la Société dresse un premier constat.
De nombreux organismes et acteurs de l’Acadie et de la francophonie attendaient ces données depuis un certain temps. Le Recensement comprend depuis longtemps des questions portant sur le français non pas comme langue exclusivement maternelle mais également comme langue connue ou parlée au travail et à la maison, dans la sphère privée. De nouvelles questions sur la langue de l’école ont été ajoutées en 2021, mais ces données seront diffusées en novembre. Cette distinction est capitale car de nombreux acadiens et francophones n’identifient pas le français comme leur langue maternelle pour diverses raisons : ils ont plusieurs langues maternelles, le français leur a été appris et non transmis, ils ont une insécurité linguistique et ne s’identifient pas comme francophones etc. « Pourtant leur voix est bien francophone et indispensable pour le respect des droits des canadiennes et canadiens. Cette réalité est enfin prise en compte et c’est déjà un succès. » déclarait Edgar Arsenault, président de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard." RECUL DU FRANÇAIS EN PROPORTION AVEC DES NUANCES DANS 2 PROVINCES ET UN TERRITOIRE Selon les provinces et les questions regardées, les résultats sont très contrastés. Statistique Canada indique que malgré le fait que « le français est la première langue officielle parlée d'un nombre croissant de Canadiens », ces derniers représentent 21,4% de la population en 2021, en baisse par rapport à 22,2 % en 2016. L’agence canadienne spécifie que « de 2016 à 2021, le nombre de Canadiens qui parlent français de façon prédominante à la maison a augmenté au Québec, en Colombie-Britannique et au Yukon, mais a diminué dans les autres provinces et territoires. » À l’Île, on note encore la particularité de la localité de Wellington (Fire district) où il demeure une proportion importante de la population qui a le français comme première langue officielle parlée : 42 %. La répartition linguistique de la population sur l’Île en pourcentage reste presque inchangée par rapport à 2016 avec toutefois une légère baisse du français comme première langue officielle parlée.
LES IMMIGRANTS CHOISISSENT MAJORITAIREMENT L’ANGLAIS
Le nombre de Canadiens dont l'anglais est la première langue officielle parlée est quant à lui passé de 26,0 millions en 2016 à 27,6 millions en 2021. La proportion qu'ils représentent était à la hausse au cours de cette période, passant de 74,8 % à 75,5 %. L’immigration a contribué à cette augmentation car la majorité (80,6%) des nouveaux arrivants se tourne vers l’anglais comme première langue officielle. La population canadienne a augmenté de 5,2% avec seulement une augmentation de 1,6% de canadiens francophones.
Les données du dernier recensement dénotent, au mieux une stagnation du français au Canada et mettent surtout en relief l’importance d’agir de façon urgente pour la protection de la langue partout au pays. Les promesses du gouvernement fédéral depuis 2019 doivent être urgemment mises à exécution.
Il est clair que si les cibles en immigration francophone avaient été encadrées et respectées, le constat serait moins navrant.
STAGNATION DU BILINGUISME FRANÇAIS-ANGLAIS
La proportion de Canadiens bilingues français-anglais (18,0 %) demeure pratiquement inchangée par rapport à 2016. De 2016 à 2021, la hausse du taux de bilinguisme au Québec (le taux passant de 44,5 % à 46,4 %) a compensé la diminution observée à l'extérieur du Québec (de 9,8 % à 9,5 %).
Le taux de bilinguisme français-anglais poursuit uniquement sa progression en Colombie-Britannique et au Yukon.
POUR ALLER PLUS LOIN
Le gouvernement s’est engagé en 2019 à agir pour protéger le français au pays. La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada à laquelle se joint la SAF’Île renouvelle ses revendications d’actions concrètes à cet égard et l’adoption du projet pour moderniser la Loi sur les langues officielles. En outre, les cibles en immigration francophone ne sont pas atteintes depuis plus de dix ans avec une stagnation à 1,8 % d’immigrants francophones par année.
Il est urgent d’agir et de donner les moyens à notre pays d’affirmer qu’il y a deux langues officielles au pays non plus sur la forme, à l’égard de l’Histoire mais également sur le fond dans le respect des hommes, femmes et générations futures qui portent et porteront la diversité et richesse linguistique, culturelle et sociale d’un pays bilingue.
La Société ne s’arrête pas là car elle continue son projet post-censitaire en partenariat avec l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone. Ce projet encadré par Richard Marcoux, directeur de l’ODSEF et Dominique Pépin-Filion, doctorant en sociologie et analyste à Statistique Canada et soutenu par le Programme d’appui à la recherche du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC) vise à dresser un portrait de l’évolution sociodémographique de la population francophone de la province de l’Île-du-Prince-Édouard au cours des trente dernières années et à partir de différentes sources.
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